L'arbre à poèmes

Moisson du 13 décembre 2013

By on 14 décembre 2013

Deux poèmes par Jocelyne Bigare (Azelot)

• Ma douce amie

Permettez que je me souvienne
Avec amitié d’abord, plaisir et pudeur aussi
De ce jour de mai fleurant bon le muguet
Où au bras d’une amie, votre silhouette, furtive,
Se faufilait langoureusement dans le parc fleuri.
En cet été précoce et généreux,
Et par un hasard heureux, au gré des allées
Quel bonheur votre chemin d’avoir croisé
Parmi les badauds en quête d’ombre à la roseraie.
Sur un banc se jouant à l’ombrage d’un saule,
Votre regard a surpris le mien, et vos joues, rougi.
Surprise par l’envol d’un oiseau, du mien s’en est déjoué.
Plus loin, la douce brise emmêlait les cheveux des filles
En robes d’organids et chapeaux fleuris.
Conquis par tant de pudeur, de délicatesse,
Dans mes rêves je me suis évadé.
Par mégarde vous, disparaissiez dans la foule amassée.
Combien de temps mes yeux à votre recherche
Ont-ils balayé du regard les alentours ?
Cruel, ce jour où je vous ai trouvée
Quoi d’autre mon cœur puisse-t-il encore avouer ?
Je garde en moi le souvenir d’une beauté sage,
À l’esprit vif, l’œil pétillant, au parfum subtil.
Que dire de votre grâce, de votre allure sans le pas pressé.
Lorsque dans la solitude je revis cette aventure.À l’évocation de ce jour estival,
Des frissons me parcourent.
Mon cœur s’emballe.
Existe-t-il une femme rêvée ou fut-elle une légende ?
Ou encore une muse créée par un esprit défaillant ?
J’en frémis encore…

Un ami sincère.

• Le Paradis

Il y avait tant d’âmes s’ébrouant au Paradis qu’un jour, dans la liesse envahissante, Dieu s’écria

« Sont-ce là les méfaits de tant de largesse ? »

Lambeaux de colère exacerbée venant d’en Haut. À cet instant le tonnerre gronda et telle la foudre, ces mots prononcés s’abattirent sur la foule rassemblée.

Ici les consciences sont les messagers du genre terrestre à l’esprit assaini, aux oripeaux étranges inhérents à l’appartenance édénique.

Ainsi tant de colère de la part du Maître des Lieux, du Saint des Saints, n’exigeait-il pas que l’on se tût ?

Le silence se voulait mortifère et dans les rangs, la tension s’avouait palpable.
Chacun de courber l’échine et de lorgner son voisin du coin de l’œil pour trouver quelque explication à ce courroux d’un genre nouveau.

Paradis, terrain de plénitude, arène de joies, voûte de bienheureux ! L’éden érigé par son Éminence souffrait-il brutalement d’un sentiment de mal-être?

La colère est de ces sensations terrestres ne polluant que le genre humain. Mais Dieu !

L’émotion vive – telle la piqûre du dard sur une peau sensible – pressentie comme une sentence réveille la peur inconsciente enfouie dans l’espèce terrienne. Il régnait dans l’air comme une odeur de soufre, issue du réceptacle de l’enfer, quelque chose d’étrange, d’insolite, de différent, venu tout droit des antres de la terre.

De la foule amassée montaient de pieuses exclamations suppliciées, comme pour expier un péché imaginaire. Il errait dans cette atmosphère la lourdeur d’affres du passé mené là depuis les ténèbres terrestres.

Dieu serait-il à ce point sensible aux forces ténébreuses de sa propre création ? À moins que ce ne fût l’expression d’un ego démesuré prompt à débattre de son échec face à une création somme toute discutable…

Oui, sont-ce là les effets pervers du génome humain, son esprit rebelle et malin qui contamineraient l’Au-delà ?

Est-ce à dire que les vies planétaire et céleste s’acoquineraient par un savant et obscène mélange des genres ?La réponse à tant de questionnements dépasse l’entendement humain. Notre esprit frêle et primaire n’a point la matière nécessaire à tant de philosophie, de sciences. Que dis-je ?…

Qui sait, un jour peut-être ? Mais est-il bien nécessaire ?

Merci à Jocelyne !

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